Notre fédération a vu le jour en septembre 1983 suite à l’explosion de l’UNA-FFJDA (Union Nationale d’Aïkido , entité semi-autonome au sein de la Fédération Française de Judo et disciplines Associées) l’année précédente, trop de pratiquants même parmi les anciens l’ignorent.

Il est toujours très étonnant pour moi de voir et d’entendre les pratiquants d’Aïkido de la FFAAA agir, parler et écrire comme si l’Aïkido français était brusquement apparu en 1983.

La FFAAA était en 1983, la 3° fédération dans laquelle je me retrouvais sans avoir jamais ni démissionné, ni changé de fédération ou d’association ou de quoi que ce soit d’autre.

A mes débuts , en mai 1963, je me suis trouvé immédiatement, par chance, dans la seule organisation où travaillaient les 2 experts japonais envoyés officiels de l’Aïkikai Hombu dojo Tokyo , alors résidents en France : Nakazono Sensei (1918 -1994) et Noro Sensei (1935- 2013), l’ACFA, pour l’ Association Culturelle française d’Aïkido.

Tamura Sensei les rejoint en 1964 toujours dans cette association ACFA. Deux autres groupements d’Aïkido existaient alors déjà depuis quelques années comme disciplines associées dans la FFJDA (Fédération Française de Judo et DA) : le 1er avait pour leader André Nocquet et le 2° Hiroo Mochizuki.

En 1972, première réunification des ces 3 groupements : l’ ACFA, le groupe de Nocquet et celui de Mochizuki , sous l’égide de la FFJDA dans le cadre d’une nouvelle entité semi-autonome : l’Union National d’Aïkido (UNA). 

Cette structure appelée UNA-FFJDA fut certainement celle où, l’Aïkido français étant quasiment complètement réuni, notre discipline a connu son plus puissant épanouissement, au moins en terme de progression du nombre de licenciés. De 1972 à 1982, le taux de progression des licences d’Aïkido, d’une saison à l’autre, était toujours supérieur à 15%. Un chiffre qui fait rêver de nos jours. La direction technique était assurée par Tamura Sensei et la présidence de l’UNA par Guy Bonnefond. Tamura Sensei s’était, de plus, dès 1974, entouré de 5 techniciens hauts gradés qui avaient chacun une zone géographique en responsabilité. La métropole avait été divisée en 5 inter-régions ou « zones » pour l’organisation de stages nationaux.

Chiba en stage au Strasbourg Université Club en 1975 -Uké : Paul
Chiba en stage au Strasbourg Université Club en 1975 -Uké : Paul

 

C’est en été 1981 que les choses commencèrent à se gâter avec, sous la douce pression du ministère des sports de l’époque, la tentative de mise en place de « compétions » en aïkido .

Le ministère liait, en fait, l’obtention de subventions beaucoup plus importantes et surtout la création de postes de fonctionnaires d’état : Directeur Technique National, et Conseillers techniques régionaux, à l’existence de compétitions. Les premières expériences furent menées dès l’été 1981 dans un CREPS du Sud de la France !

De plus en automne 1981, des contrôles financiers effectués par le Judo au sein de l’UNA avaient mis à jour quelques irrégularités dans des remboursements de frais pour un cadre technique de l’UNA. 

Ce fait et les tensions internes parmi les gradés de l’UNA avec certains dirigeants de l’UNA sur l’incompatibilité de la notion de compétition avec notre discipline, ont conduit à une prise de conscience des limites imposées par notre présence au sein de la FFJDA.

Au printemps 1982 suite à une réunion dramatique dans un amphi de l’INSEP (Institut National des Sports et de l’Education Physique), un des cadres de l’UNA, très proche de Tamura Sensei, a réussi à convaincre la majorité des présents à quitter la FFJDA cela après avoir fait jurer fidélité aux membres de l’assemblée à Tamura lui-même.

 

Seuls 2 présents ont refusé cette procédure ainsi que 4 ou 5 anciens parmi les plus hauts gradés d’alors qui simplement n’étaient pas présents à cette réunion. C’était mon cas.

Ces gradés et d’autres à leur suite décidèrent qu’il n’était pas raisonnable de sortir de la la FFJDA sous cette forme et dans ces conditions et en particulier avec la connaissance que certains avaient des statuts de la nouvelle organisation prévue.

Au final, 40% des pratiquants licenciés alors à l’UNA , quittèrent ainsi la FFJDA dès juin 1982 pour fonder la FFAB qui s’appelait alors la FFLAB (L pour libre).

Les autres restèrent encore un an à la FFJDA puis la quittèrent en juin 1983 pour fonder la FFAAA mais en plein accord avec la FFJDA, qui nous avait accueilli et permis un développement remarquable durant plus de 10 ans.

C’est dans ces conditions qu’est née la FFAAA en 1983 suite à l’éclatement de l’AIkïdo français, unifié durant plus de 10 ans auparavant.

Dans les premières années de la FFAAA, j’avais bon espoir, toujours sans changer réellement de structure, de voir s’opérer une réunification donc de me retrouver dans ma 4 ° fédération. 

Siganture accord UFA entre FFAB et FFAAA 1990Signature accord UFA entre FFAB et FFAAA 1990

 

Mais depuis à peu près une vingtaine d’années, avec la mise en place d’arguments complètement artificiels (un peu dans chaque fédération) du type : « notre Aïkido est différents du vôtre », « on fait autre chose », « votre pratique n’est même pas de l’Aïkido », cela pour justifier la séparation avec des raisons un peu plus nobles, je dois avouer que je pense à présent que la prochaine réunification ne se fera jamais. 

Dommage, surtout pour une discipline qui prône le développement de la capacité de résolution pacifique des conflits, l’harmonie, et l’exercice de l’amour universel.

Cependant , les inconvénients très importants liés à la division de l’Aïkido et à l’existence de 2 fédérations officielles ont été rapidement contrebalancés par des avantages non négligeables : l’absence de la tutelle de Tamura Sensei et de tout autre expert officiel japonais, a permis à certains professionnels français qui avaient fait une partie de leur formation au Japon d’inviter enfin directement et librement des experts du Hombu dojo, à commencer par Yamaguchi Sensei, puis Endo Sensei et depuis quelques années Yasuno Sensei et bien d’autres.

J’ai moi-même mis cette liberté à profit pour travailler avec Nishio Sensei dès 1986 au Japon et l’inviter ensuite chaque année de 1989 à 2000 en France avec l’aide de la FFAAA.

Finalement malgré l’image très négative renvoyée par notre division actuelle et notre incapacité d’en sortir, la liberté et l’ouverture, apparues avec la destruction de cette unité administrative puissante mais sclérosante, incarnée par l’UNA, ont été un formidable moteur d’évolution et de découverte de multiples nouveaux aspects de cette pratique merveilleuse et magique qu’est l’Aïkido.

 Paul Muller - 7° Dan Aikikai Tokyo

Avril 2013